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2020

Communication annuelle de la Présidente de la République de Lituanie Gitanas Nausėda

18 juin 2020

 

Chers compatriotes,

Mesdames et Messieurs les députés,

Il y a 30 ans les fils et les filles courageux de la Lituanie ont rétabli l’Indépendance.

Notre plus important objectif pendant les trois dernières décennies a été de revenir là d’où nous avions été arrachés avec violence – dans le monde occidental au sens politique, culturel et économique. Pendant trois décennies nous avons cherché à mettre en place la sécurité du pays au niveau international pour que l’histoire douloureuse ne se répète plus jamais.

Ce travail de création et de perfectionnement de l’Etat est sans fin. Toutefois aujourd’hui nous nous sommes fixé un autre objectif majeur pour la Lituanie : un Etat-providence Juste, Vert, Innovant.

Nous savons surmonter les défis historiques. Nous voyons nos erreurs et nous savons comment les corriger. Nous savons tracer les jalons vers un avenir marqué par le succès. Toutefois nous devons encore apprendre à mieux réaliser ce que nous nous sommes fixé et à agir ensemble en tant qu’entité unie.

L’Etat providence ne se limite pas à des indices économiques et sociaux. C’est surtout le respect, la confiance mutuelle, la responsabilité de l’intérêt commun et l’entraide.

Comprendre qu’on n’est pas responsable que de soi-même est encore un objectif à atteindre en Lituanie.

Respecter celui qui partage une vision différente est encore un objectif à atteindre en Lituanie.

Le mot « entente » n’est pour nous qu’un mot et pas un standard de conduite.

Nous en sommes encore à apprendre à vivre comme une Lituanie unie. Ce sont les intérêts personnels qui l’emportent toujours plutôt que le bien commun. Les moqueries plutôt que la critique argumentée et la dignité, le doigt pointé plutôt que la main tendue pour aider, le bruit vide de sens plutôt que le dialogue.

Chers Lituaniens,

Vous avez montré cette année lors de la pandémie du coronavirus un excellent exemple de la manière de tendre la main pour aider, de respecter, d’être responsable du bien commun.

Vous avez créé des dizaines d’initiatives politiques qui ont mobilisé et organisé en un clin d’œil l’aide aux personnes les plus vulnérables et aux spécialistes en première ligne de la lutte contre le virus.

Vous avez respecté de manière disciplinée les exigences de la quarantaine.

Vous avez accompli vos impératifs professionnels et en même temps vous avez réussi à gérer les engagements familiaux, cachés derrière les mots « restez chez vous ».

Je vous remercie de tout mon cœur.

Mesdames et Messieurs,

Des centaines de milliers de tests du coronavirus ont été faits. Cependant ce virus a été un test pour chacun de nous et il a montré les failles du système immunitaire de la société et de l’Etat.

La Lituanie a dû passer un test universel et complexe, et elle doit maintenant accomplir deux tâches importantes : faire une évaluation honnête de son état et prendre une décision intelligente sur la voie à suivre pour devenir plus forte.

Le coronavirus a montré qui dans la société et dans la politique est prêt à travailler de manière constructive pour trouver des solutions et qui choisit une rhétorique creuse et des actes destructeurs, qui accomplit honnêtement ses tâches et qui a besoin de drame et de superhéros, qui tend la main au partenaire en proposant de coopérer et qui cherche une gloire éphémère et se pare d’une couronne de lauriers.

Après avoir dépassé les émotions provoquées par la première étape de la crise, voici ce que nous pouvons constater :

  • Les spécialistes ont réussi l’examen imposé par le virus : ils ont montré leur professionnalisme et leur dévouement. C’est vous, nos médecins, nos professeurs, nos agents et fonctionnaires, nos diplomates qui n’avez pas compté vos heures de travail.
  • La société civile a réussi le test. Les uns grâce à l’organisation, d’autres grâce à la discipline. C’est vous les bénévoles, les organisations non gouvernementales et les gens responsables.
  • Les entreprises ont pu tester leurs valeurs et leur flexibilité. Les unes ont déplacé les problèmes vers leurs partenaires et les consommateurs, les autres ont supporté le coût de la sauvegarde des emplois, ont fourni la nourriture à ceux qui combattaient ou alors se sont adaptées rapidement pour fabriquer les équipements manquants.
  • Les politiques et les institutions nationales ont aussi testé leur flexibilité, leur capacité à réagir efficacement, à adopter des décisions sans entraves bureaucratiques. Malheureusement, le résultat n’a pas toujours été celui qu’on voudrait.

Rétrospectivement, nous voyons que nous étions en retard pour agir et empêcher la propagation du virus dans les établissements de santé. Nous n’étions pas suffisamment prêts et nous avons eu des problèmes concernant l’approvisionnement en équipements de protection et leur répartition.

Aujourd’hui nous voyons, hélas, que nous manquons de détermination et que nous sommes en retard quand il faut mettre en place des mesures qui aideraient à empêcher la propagation du virus dans l’économie du pays. Les huit ou dix pourcents de l’aide prévue qui sont parvenus jusqu’à nos entreprises ne comblent pas les espoirs qu’on aurait envers l’Etat.

Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues,

Les actions des gens et des professionnels pendant la pandémie nous envoient à tous un rappel clair : la société n’est pas une abstraction, ce sont des gens et nous avons été élus pour les servir. Servir, pas commander, en pensant que les autorités savent mieux, que ceux qui détiennent le pouvoir décident pour tous les autres.

A la fin de leur mandat, les politiques doivent laisser un Etat plus fort que ce qu’il était au moment où ils avaient pris la responsabilité confiée par le peuple de le représenter.

Dans une société civilisée on cherche à trouver un équilibre entre divers intérêts et on ne permet pas la domination des intérêts de certains groupes, souvent plus forts. Malheureusement, cette vérité doit être régulièrement rappelée. Les intérêts personnels ou de certains groupes prennent le dessus quasiment dans tous les secteurs, des services municipaux des petits villages jusqu’au Parlement, hélas.

C’est pour cette raison que j’étais contre la diminution du seuil électoral pour le Parlement lituanien car le changement des règles du jeu quand il reste moins d’un an avant les élections ne vise pas à renforcer la démocratie mais à amélioration les conditions pour soi-même.

C’est pour cette raison que j’ai initié les changements fiscaux dans le budget de 2020 qui rendraient le système fiscal plus juste et réduiraient les inégalités des revenus. Cependant nous devons encore apprendre à partager avec celui qui est dans le besoin.

J’ai destitué et initié la destitution des juges qui ont sali le nom de juge mais qui voulaient des privilèges.

J’ai mis mon veto à la tentative de reporter le poids de la crise sur les épaules des consommateurs et à l’envie de l’Etat de réguler les prix.

Je n’étais pas d’accord que la société publique responsable de la gestion des routes nationales prenne des décisions en se basant sur des motifs politiques et non sur l’expertise professionnelle.

Nous sommes tous responsables de la culture politique qui règne aujourd’hui en Lituanie.

Il est honteux que nous ayons baissé la barre de la responsabilité politique des fonctionnaires de haut niveau le plus bas possible. Comme si tous les actes pour lesquels on ne va pas derrière les barreaux étaient justes et légaux.

Nous ne pouvons toujours pas résoudre les problèmes enracinés car nous ne regardons pas ce qui est proposé mais celui qui propose. On est sidéré par l’entêtement des politiques à s’opposer aux initiatives bénéfiques pour les citoyens lituaniens mais dont ils ne sont pas les auteurs.

Comprenons enfin que le compromis n’est pas signe de faiblesse.

La majorité politique n’a pas pour mission d’écraser les autres au rouleau compresseur.

L’opposition politique n’a pas pour mission de critiquer pour critiquer.

Notre mission à tous est de créer le bien commun.

Mesdames et Messieurs,

J’ai décidé de participer à l’élection présidentielle guidée par l’idée de l’Etat-providence.

Un Etat qui serait capable de résoudre les problèmes enracinés de la pauvreté, des inégalités de revenus et de l’exclusion sociale, de la corruption et de l’économie souterraine, de l’utilisation irrationnelle des ressources publiques.

Un Etat qui aurait la volonté et la détermination d’être en tête et pas seulement de suivre les autres dans les domaines de l’éducation, de la science en créant une économie innovante et à haute valeur ajoutée.

Un Etat pour lequel le respect, la justice, l’ouverture et l’unité ne seraient pas juste de grands mots.

Nous pourrons créer cet Etat seulement ensemble et il est entre les mains de nous tous : des partis qui ont engagé les campagnes électorales, des institutions nationales et municipales, des communautés locales, des minorités ethniques, des associations patronales et syndicales, des activistes, des représentants de la culture, des médecins, des pédagogues, de chaque personne qui aime la Lituanie.

Nous ne vivons plus à l’époque soviétique – nous n’aurons donc plus de plan quinquennal imposé par le haut. Une décision prise à huis clos dont la mise en place est imposée de manière directive est souvent rejetée dans une société démocratique.

Le seul plan pertinent pour la Lituanie est celui conçu d’un commun accord. Celui qui a été patiemment négocié en apprenant à adopter les décisions sans querelles ni crachats, qui est mis en place en s’engageant personnellement à parvenir à un résultat. Telle est ma vision de la voie de l’Etat et de sa gestion.

La notion d’Etat-providence est déjà devenue commune. Et les premiers pas sont déjà faits.

Le budget de cette année approuvé au mois de décembre 2019 a été plus orienté vers la diminution de l’exclusion sociale tout en remplissant les exigences de la discipline fiscale. Ce budget prévoit l’augmentation des revenus des personnes bénéficiant des plus petites retraites ainsi que l’indexation plus rapide des retraites.

Elle serait, d’après moi, le premier pas vers la diminution cohérente de l’exclusion sociale en Lituanie. Cependant l’intérêt d’un petit groupe de protéger ses revenus personnels et ses avantages fiscaux a empêché de faire un plus grand pas vers l’Etat providence.

J’ai remis au Parlement les amendements de la loi relative aux marchés publics qui permettraient d’économiser chaque année plus d’un demi-milliard d’euros car actuellement les ressources publiques ressemblent à un seau troué qui n’est jamais plein.

J’ai initié les changements du système de prévention de la corruption dont la mise en place rapporterait des milliards pour l’économie.

 Nous sommes sur la bonne voie. L’idée de l’Etat-providence a germé et a pris racine. J’espère que les mesures concrètes pour mettre en place les principes de l’Etat-providence seront présentes aussi bien dans les programmes électoraux de la gauche que de la droite. Je serai leur allié pour les élaborer et pour les mettre en place.

J’invite chaque Lituanien à devenir le coauteur de notre avenir.

La Présidence est ouverte à vous et à vos idées.

Mesdames et Messieurs les députés,

L’Etat-providence n’est pas possible sans confiance – la confiance des citoyens envers l’Etat et ses institutions, notre confiance les uns envers les autres.

La confiance en l’Etat s’acquiert en avançant à petits pas.

Nous pouvons parler abstraitement de l’importance de la personne et ne rien faire. Ou alors nous pouvons nous engager dans une opération internationale complexe pour sauver les vies de trois personnes.

C’est pourquoi pour moi c’était une question d’honneur de rendre aux familles deux citoyens lituaniens et un citoyen de Norvège, pays ami de la Lituanie.

Le Parlement a montré l’unité nécessaire pour résoudre ce problème. Les institutions ont fait preuve de professionnalisme et de capacité à organiser les actions de trois Etats. Je vous remercie pour cet excellent exemple d’une entente qui prouve que pour la Lituanie une personne n’est pas juste un pion sur le tableau de bord des jeux géopolitiques et qui a également permis de renforcer le prestige de notre pays aux yeux des alliés de l’OTAN.

Ce n’est qu’en nous faisant confiance les uns aux autres que nous pouvons surmonter les menaces extérieures que la Lituanie doit affronter. Nous les connaissons et nous renforçons de manière cohérente la sécurité de notre Etat. Cependant parfois on peut avoir l’impression que notre plus grand ennemi est… nous-mêmes.

Reconnaissons-le, la centrale nucléaire d’Astraviets est aussi notre erreur qui persiste depuis douze ans. Rejeter la responsabilité sur ceux qui terminent cette course de relais n’aidera pas l’équipe.

Aujourd’hui grâce à nous tous, les pas ont été faits pour ne pas permettre à l’énergie électrique en provenance des pays tiers et produite sans respecter les standards de sécurité d’être vendue en Lituanie.

A l’initiative de la Lituanie, le Conseil européen a mis en place l’exigence que les projets développés par les pays tiers dans le voisinage de l’Union européenne doivent respecter les plus hauts standards internationaux en matière d’environnement et de sécurité.

La Lituanie a soulevé et continuera à soulever les problèmes que la centrale d’Astraviets, construite sans respecter les standards de sécurité, posent à la communauté internationale, et notre pays exigera d’assumer la responsabilité et de prendre les mesures nécessaires. Il est évident que ce monstre nucléaire est une menace non seulement pour les voisins de la Biélorussie mais pour toute la région. Toutefois nos mémorandums locaux et les lettres échangées n’aideront pas dans cette situation. Mobilisons nos forces et discutons ensemble avec les dirigeants des Etats étrangers et avec les organisations internationales car s’enfermer et juste exprimer son propre mécontentement n’a donné aucun résultat.

Engageons et encourageons la large diaspora lituanienne dans le monde à agir concernant cette question et bien d’autres. C’est notre trésor qui le siècle dernier a considérablement contribué à la pression sur les puissances du monde pour que l’indépendance de notre pays soit rétablie.

J’invite les Lituaniens du monde à participer activement à la vie de la Lituanie pour contribuer à un Etat plus fort. La Lituanie peut et doit offrir les possibilités à ses enfants dispersés dans le monde entier de devenir des citoyens de notre pays comme nous le sommes nous-mêmes. Le premier pas pourrait être la mise en place du vote électronique pour les Lituaniens de l’étranger.

Mesdames et Messieurs,

Notre Etat doit mériter non seulement la confiance de ses propres citoyens mais aussi celle de nos partenaires étrangers. J’accorde donc une grande importance à nos relations avec les voisins et les alliés transatlantiques ainsi qu’à un rôle actif de la Lituanie pour créer une Union européenne ambitieuse en stimulant le processus du partenariat oriental.

Les relations avec la Pologne sont revenues au niveau stratégique de la coopération étroite.

Les pays baltes ont une parfaite occasion pour vérifier si leur amitié ferme se limite à des déclarations à l’occasion des fêtes ou est capable de supporter le poids de la solidarité économique et financière.

Nous avons également besoin d’une entente entre les pays baltes pour le projet de synchronisation avec les réseaux électriques de l’Europe continentale grâce auquel la sécurité et l’indépendance de nos systèmes énergétiques passeront au niveau qualitatif supérieur.

 Nous avons renouvelé le dialogue avec notre voisin la Biélorussie sans dépasser les lignes rouges que nous avons tracées tous ensemble concernant l’énergie nucléaire et les droits de l’homme. La souveraineté de la Biélorussie concerne également les intérêts de la sécurité nationale de la Lituanie.

Le sommet du partenariat oriental de l’UE qui a lieu aujourd’hui est un signal important pour les partenaires orientaux. Les réformes dans ces pays seraient encouragées par une vision et un algorithme des actions clairs qui permettraient aux Etats du partenariat oriental d’avancer vers l’Europe. Si les valeurs européennes n’y trouvent pas leurs places, d’autres valeurs, pas forcément occidentales, s’y installeront.

La Lituanie a une vision claire de la politique de l’Union européenne. Nous avons besoin d’une Union européenne économiquement forte et politiquement stable. Nous pouvons reprocher que le mécanisme de prise de décision y soit compliqué, que souvent il ne soit pas assez rapide et cohérent. Toutefois les critiques oublient le caractère unique de l’Union européenne ainsi que les principes qu’elle représente. L’Union européenne n’a pas de grands ou petits dictateurs, les décisions y sont prises avec l’accord de tous, en respectant les droits et les libertés de l’autre. Elle agit pour le bien commun de tous.

Quand le Président américain Donald Trump lors du sommet de l’OTAN à Londres m’a posé la question de savoir ce que signifie pour la Lituanie l’appartenance à l’UE et à l’OTAN, ma réponse a été laconique : l’Union européenne – pour vivre mieux, l’OTAN – pour vivre. Cette phrase traduit de manière courte et précise l’essentiel. La présence de l’OTAN et des Etats-Unis en Europe et dans notre région est une condition essentielle de la paix et de la sécurité. De son côté, la Lituanie remplit consciencieusement son engagement de consacrer à la défense au moins 2 % du PIB. Je m’y engage aussi personnellement en tant que Président du pays.

Les obstacles persistent dans les relations entre la Lituanie et la Russie. Et elles sont de plus en plus nombreuses. Kremlin essaie d’utiliser l’histoire tragique pour de nombreuses nations du milieu du XXe siècle pour servir les intérêts du gouvernement, de transformer l’histoire en une servante docile de la politique. Jamais la Lituanie ne l’acceptera – nous l’avons payé trop cher.

Mesdames et Messieurs les députés,

L’Etat-providence n’est pas possible sans justice. Toutefois l’inertie dans ce domaine est sans doute la plus forte. La confiance des citoyens dans les tribunaux est encore un but à atteindre et les recettes magiques pour l’atteindre rapidement n’existent pas. Le système juridique n’a pas encore eu le temps de se remettre après le scandale de corruption des juges dont les traces dans la mémoire des gens peuvent disparaitre seulement grâce au travail pendant de longues années des juges honnêtes et fidèles à leur serment.

J’ai toujours été et je resterai intolérant envers les juges qui nuisent à la réputation du métier mais ce n’est pas suffisant. Il est particulièrement important que les autorités juridiques et même toute la communauté des tribunaux ne tolèrent pas les membres de la communauté qui ne respectent pas les standards éthiques. Ce n’est qu’en remplissant leurs fonctions de manière autonome que les autorités juridiques contribueront au respect des standards éthiques des juges. Les dirigeants des tribunaux en sont également responsables.

Je cherche également à mettre fin aux tentatives récurrentes de politiser le système juridique, de transformer les tribunaux en outils et en otages des intérêts politiques.

Ce n’est pas un secret qu’aujourd’hui plusieurs institutions nationales n’ont pas de chefs. Le renouvellement de certaines institutions juridiques importantes reste bloqué, y compris de celles auxquelles les candidats sont proposés par le Président. On pourrait difficilement me reprocher le refus de chercher un compromis, cependant je ne plierai pas sous la pression de nommer les personnes utiles à certains partis quand je vois de meilleurs candidats.

 Ces derniers temps la Cour constitutionnelle est devenue la cible de nombreuses passions. Certains actes, accomplis consciemment ou inconsciemment, poussent le pays vers la crise constitutionnelle. C’est irresponsable.

La confiance de la société dans les institutions sera de plus en plus forte si elles remplissent correctement leurs fonctions, si les institutions travaillent pour renforcer cette confiance et non pour se rabaisser les unes les autres.

Chers tous,

L’Etat-providence n’est pas possible sans justice. Elle est surtout importante aujourd’hui, quand le monde entier est sur le seuil de la crise économique.

Nous devons comprendre que les principes de l’Etat-providence doivent être appliqués aussi bien pendant les périodes de croissance économique que pendant celles de récession. Ce sont les décisions prises pour les plus démunis qui assurent le sentiment d’empathie de l’Etat et des gens si nécessaire qui ne sera pas oublié après la récession. C’est pourquoi j’ai soutenu l’allocations pour nos seniors, c’est pourquoi j’ai initié les allocations aux familles ayant des enfants et présenté au Parlement les projets de loi qui prévoient l’augmentation du revenu non imposable et la diminution temporaire de l’impôt sur le revenu pour les revenus qui ne dépassent pas le niveau fixé.

Après la crise, nous devrons revenir à la vie selon nos revenus. Nous mobiliserons les efforts pour que le système fiscal lituanien soit plus juste et ne serve pas les besoins de certains groupes de personnes ou même les besoins personnels. Toutefois même le système fiscal le plus juste du monde n’assurera pas aux gens une vie digne tant que l’argent dédié au bien commun sera dispersé et dilapidé sans l’investir dans l’avenir.

Ma priorité est donc la transparence des marchés publics et l’élimination de la corruption. Si nous le réussissons, l’argent économisé pourrait être dédié au système de la santé, à l’éducation, aux retraites et aux autres besoins sociaux. Nous avons soumis à la délibération les projets des lois relatives aux marchés publics et à la prévention de la corruption et ce n’est que le début.

La société est sidérée par les scandales de corruption plus fréquents dernièrement. Cependant c’est une étape inévitable de traitement de la maladie. Sans ouvrir l’abcès, nous ne pouvons éliminer l’infection.

Mesdames et messieurs les députés,

Chers citoyennes et citoyens,

Nous sommes tous responsables de la Lituanie que nous aurons dans cinq, dix ou cinquante ans.

Nous avons passé l’épreuve de la pandémie. La situation nous est stratégiquement favorable – des énormes ressources financières s’ouvrent devant nous grâce au cadre financier pluriannuel et le plan de relance de l’Union européenne. L’Europe prend en considération les leçons de la crise de la pandémie et elle est prête à un renouvellement qualitatif.

Dans les six ou sept prochaines années, la Lituanie a une opportunité unique de changer de visage grâce à des investissements intelligents.

Et pas de manière superficielle mais profondément ! Ce n’est pas seulement une ambition, c’est une question de survie dans la lutte concurrentielle.

Nous avons prouvé que nous pouvons le faire lors des mois de la pandémie, quand les entreprises lituaniennes prêtes aux défis du XXIe siècle et animées par le sentiment patriotique ont réorienté leur production pour fabriquer ce qui est nécessaire pour protéger les vies. Ainsi elles ont non seulement acquis la confiance mais ont considérablement renforcé leurs positions sur les marchés locaux et mondiaux. Leur exemple peut devenir source d’inspiration pour toutes les entreprises.

Nous n’imaginons même pas ce que nous pouvons accomplir !

Nous sommes responsables aujourd’hui de l’environnement dans lequel vivront nos enfants. La Lituanie est déterminée à remplir l’engagement de neutralité climatique pour 2050 et à renoncer au modèle obsolète de l’économie polluante. Nous nous sommes engagés dans l’initiative de la Lituanie verte dont l’objectif est de diminuer la pollution et d’améliorer la qualité de l’environnement, d’empêcher le dérèglement climatique, d’économiser l’énergie, de sensibiliser les gens et d’encourager leur implication.

Nous sommes responsables aujourd’hui de l’éducation dont bénéficieront nos enfants. Je n’apprécie pas les réformes éternelles du système éducatif, le travail simulé, l’incapacité à optimiser le réseau des écoles et à renouveler les programmes, la fuite de l’argent. Les partis doivent à la Lituanie un accord national sur l’éducation. Il peut déjà être rendu dans un proche avenir. Il ne manque que la détermination des partis de faire aboutir ce travail.

Nous sommes responsables aujourd’hui des emplois de nos enfants à l’avenir. Nous élevons les ponts pour l’avancée de la science et des innovations. Mon objectif est de parvenir à la création du poste d’agent  chargé des questions de la science et des innovations et du réseau chargé de la science et des innovations au sein des institutions nationales. Je pense qu’il est important de mettre en place une réforme des institutions de la science et des innovations et de consolider leur activité. L’expérience des pays plus avancés que nous nous en sert d’exemple.

Nous sommes responsables aujourd’hui de nos enfants, de quels adultes ils seront. Nous devons comprendre que la culture génère une grande valeur du point de vue économique et humain, qu’elle est le trésor de la société, la source du bien-être émotionnel et social, elle promeut l’image de la Lituanie dans le monde.

Un Lion d’or à la Biennale de Venise, la voix divine d’Asmik Grigorian et une séance de cinéma ouverte à l’aéroport nous font connaitre beaucoup mieux au niveau international et nous rendent beaucoup plus fiers de notre pays que les plus chères stratégies de marque. Ainsi la culture est l’un des meilleurs investissements dans la création d’un Etat qui a confiance en soi.

Malheureusement, la crise provoquée par la pandémie a révélé que ces investissements peuvent non seulement éduquer mais aussi de provoquer des hostilités entre les acteurs de la culture : entre les établissements culturels nationaux et municipaux et le secteur culturel non gouvernemental, les industries de création commerciales, les infrastructures culturelles et les contenus, les grues de construction, les marteaux et les moyens d’expression culturelle modernes. Nous devons comprendre que notre culture est intéressante tant qu’elle est multiple, particulière et libre.

Nous sommes responsables aujourd’hui de la croissance équitable en Lituanie à l’avenir. Chaque mois je pars travailler dans une région différente du pays, cependant j’entends parler des mêmes problèmes : la politique régionale ne fonctionne pas, le dialogue avec les autorités centrales est faible et les autorités centrales font preuve de très peu de confiance envers les municipalités.

Nous n’avancerons pas si nous continuons à appliquer une logique de seigneur et de serf. Les projets de loi que nous proposons permettraient aux institutions municipales de prendre par elles-mêmes les décisions concernant les marchés publics at les mesures de prévention contre la corruption.

Mon équipe travaille sans relâche pour nouer le dialogue entre les municipalités et les autorités centrales. Ainsi les services des municipalités ont pu travailler à distance, les solutions ont commencé à être envisagées pour résoudre le problème de la gestion des substances chimiques dangereuses dans la région d’Utena, la création du parc industriel avancé, les tableaux originaux retournent dans les manoirs de Samogitie, l’évaluation de l’impact sur le patrimoine est réalisé pour protéger le centre historique de Vilnius et les relations entre les sociétés gérées par la municipalité et l’Etat deviennent plus constructives.

Mesdames et messieurs les députés,

Chers citoyennes et citoyens,

La première année de mon mandat a été dédiée à plus de respect, plus de confiance, plus de justice, plus de responsabilité et plus de solidarité en Lituanie. En respectant celui qui pense différemment on obtient beaucoup plus qu’en l’humiliant. Cette vérité s’applique aux relations interpersonnelles mais aussi incontestablement dans le processus de la création de l’Etat. Prenons l’exemple du basket – la Lituanie ne serait jamais dans l’élite mondiale si elle n’était pas réputée pour son jeu d’équipe.

Je finis par ce que j’ai commencé.  Ma réponse à la question de savoir de quelle Lituanie je rêve dans trente ans a été et reste toujours le même : une Lituanie Verte, Innovante, pays de la Paix sociale.

Les rêves peuvent êtres imaginaires ou réels. Celui-là est réel. Je vous invite tous à avancer vers la Lituanie de l’avenir ensemble ! Merci.

Mise à jour 2020.12.03 16:04